La vente de poteries par des non-professionnels : une évolution du marché qui suscite des débats

Depuis quelques années (et depuis la pandémie), avec l’essor des réseaux sociaux et des plateformes de vente en ligne, de plus en plus d’amateurs se lancent dans la vente de leurs poteries. Que ce soit sur Instagram, dans des marchés artisanaux ou via des plateformes comme Etsy, il est devenu plus facile que jamais de proposer ses créations au grand public. Ce phénomène soulève toutefois des réactions contrastées, notamment au sein du milieu professionnel.

D’un côté, cette ouverture du marché permet à un plus grand nombre de personnes de s’exprimer par la céramique, de tester leur travail auprès d’un public et parfois même de faire évoluer leur pratique vers une démarche plus engagée. De nombreux artisans professionnels ont eux-mêmes commencé ainsi, en autodidactes ou en dehors des circuits traditionnels.

D’un autre côté, cette situation crée une tension avec les céramistes de métier, (celleux qui sortent des écoles) qui ont souvent suivi une formation longue et exigeante dans des programmes spécialisées et qui doivent composer avec des coûts importants : ateliers, fours, matières premières, taxes, et parfois même employés. Certains professionnels perçoivent cette prolifération de vendeurs amateurs comme une concurrence déloyale, qui pourrait tirer les prix vers le bas et brouiller la perception du public quant à la valeur du travail artisanal.

Chez Argile Atelier, nous accueillons toute sorte de gens, des amateurs et des semis-pros et nous formons des centaines amateurs par année. Nous croyons profondément en l’apprentissage autonome et en la diversité des parcours. En tant qu’autodidacte moi-même, je comprends l’enthousiasme de ceux qui veulent partager leurs créations. Cependant, je perçois aussi la grogne dans le milieu professionnel et je suis consciente des enjeux qui en découlent.

Alors, comment trouver un équilibre ?

Peut-être en valorisant la transparence : qu’un amateur qui vend ses poteries reconnaisse son niveau et son parcours, qu’il fixe des prix en tenant compte de son expérience et du marché, et qu’il s’inscrive dans une démarche d’amélioration continue. De leur côté, les professionnels peuvent également voir cette nouvelle réalité comme une opportunité d’éducation et de sensibilisation du public sur la valeur du métier.

Mais cette discussion en soulève une autre, plus large : à qui appartiennent les métiers d’art et les arts en général ? Doit-on protéger un savoir-faire en le réservant à ceux qui suivent un parcours institutionnel, ou au contraire reconnaître que l’art et l’artisanat sont des formes d’expression ouvertes à tout le monde?

L’histoire montre que de nombreuses traditions artisanales ont toujours été transmises hors des cadres officiels, parfois même de manière informelle.

Peut-être que la véritable question n’est pas tant de savoir qui a le droit de créer et de vendre, mais comment préserver et valoriser la richesse du savoir-faire tout en accueillant de nouvelles voix.

Il n’y a sans doute pas de réponse simple, mais ce débat mérite d’être ouvert. Et vous, qu’en pensez-vous ?

J.

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